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tion des guerres civiles de France, en vers françoys, qu’il donna après la paix à monsieur le cardinal de Chastillon, avec quelques sonnetz à la louange des troys[1] frères de Colligny. Cest essay de sa jeunesse fut perdu quant la bibliothèque du dit Seigneur cardinal fut pillée à Bresle, près Beauvais. La paix se feit devant Chartres, laquelle fut, comme l’on sait, plus fâcheuse que la guerre mesmes ; et durant ce petit respit, il feit tant qu’il obtint congé de madamoyselle sa mère pour aller voyager soubs la conduite du susdit Lazare Raminy, et non touteffois sans ung extrême danger, pour les esmotions qu’il rencontroit par toutes les villes ; nommément faillit à être assommé, sortant de Paris, par la porte Saint-Marceau, puis à Montargis, tant tout estoit plein alors de deffiance ; puis à Nevers, estant reconnu de la religion par les gens de monsieur de Nevers[2], lequel estoit lors en la plus forte douleur de la blessure qu’il avoit receue ès guerres précédentes par ceux de la religion ; puis eut grant pêne à sortir de Lyon, où monsieur de Birague[3], lors gouverneur de Lionnois, ne luy voulut donner passeport, et fut contrainct pour en sortir, d’observer l’heure que les gardes se changeoient pour couler entre deux, et enfin arriva à Genève vers la my aoust 1568, environ le temps que monseigneur le Prince partit de

  1. L’amiral de Coligny, le cardinal de Châtillon et M. d’Andelot.
  2. Louis de Gonzague, duc de Nevers.
  3. René de Birague, issu d’une famille milanaise qui s’était déclarée pour la France du temps de Louis XII. Il était de robe et devint garde des sceaux ; il faisait partie du petit conseil où se décida le massacre de la Saint-Barthélemy.