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pour la plus part où elle fut imprimée fut avec les premiers motz et suivant l’original. Le jugement de la plus part des grandz fut qu’ilz n’avoient rien veu à l’avantage de la religion catholique, mais bien un ancien serviteur fidèle trèz mal payé de tant et de sy grandz services. Le lendemain, monsieur du Plessis tomba malade d’une grande oppression et de continuelz vomissemens, dont M. de la Rivière premier médecin ne rendit que trop de tesmoignage. A l’occasion de quoy fut la conférence interrompue, à laquelle touteffois le soir il s’estoit préparé de retourner, et partie le travail, partie le crèvecœur de se voir ainsy traicté en furent cause. Mais plus que tout un profond regret qu’il avoit en l’âme, duquel il souspiroit perpétuellement, que ce qu’il avoit travaillé pour l’instruction du peuple et l’édification de l’Eglize tournast à destourbier et à scandale, à quoy il eust préféré mille mortz.

Le Roy fut adverty par quelqu’un de le faire visiter et varia s’il estoit de sa dignité ; enfin y envoya M. de Loménie. Ses propos en somme furent qu’il ne s’affligeast point et s’asseurast qu’il seroit tousjours son maistreet son amy ; il respondit : « de maistre je ne m’en suis que trop apperceu ; d’amy il ne m’appartient pas ; j’en ai veu qui ont entrepris sur la vie, l’honneur et l’Estat du Roy, sur son lict mesme ; contre ceux là tous ensemble, le Roy n’a jamais monstre tant de rigueur que contre moy seul qui luy ay fait toute ma vie service. » Il répliqua qu’il se plaignoit qu’il avoit escript contre le Pape ; s’il s’en vouloit abstenir, qu’il se serviroit de luy plus que jamais, cest vapeur estant une fois passée. Il