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nis[1], et à cause d’iceux il se retira de Paris à Buhy, et désiroit lors aller à la guerre, et y accompagner messieurs de Bourry et de Ouardes, ses oncles, qui y estoient employés des premiers et meslés bien avant ; mais madamoyselle de Buhy ne luy voulut, permettre, se contentant d’y lesser aller monsieur de Buhy, son frère aisné, qui portoit la cornette de monsieur de Ouardes, lequel chargea le premier à la bataille Saint-Denis, du costé d’Aubervillier, devant monsieur de Genlis ; mais comme monsr de Genlis se fut retiré à Soissons et monsieur de Ouardes en Normandie, qui avoit ramené monsieur de Buhy, son nepveu, et vouloit essayer de ramener quelque chose pour le party de la religion en son païs, les choses ne leur estant succédées, ils cherchoient moyen de repasser la Seine pour aller trouver l’armée qui estoit devant Chartres ; et lors monsieur du Plessis, par importunité, obtint congé de mademoyselle sa mère pour aller avec eux ; mais Dieu, qui en vouloit faire autre chose, ne permeit qu’il se desbauchast sytost de ses estudes, car presque au sortir du logis, en ung village qui est de leurs subjectz, qui s’apelle Buschet, il eut une jambe rompue en deux endroitz, de la cheute d’un cheval turg qui tomba sur luy, dont fut contraint retourner au logis, et ne s’en peut ayder de troys mois, pour ce qu’il fut transporté en divers lieux, à cause de l’armée du Roy qui se vint loger ès environs de Buhy. Pendant ce mal, il passa ses ennuys à faire une déplora-

  1. Cette nouvelle guerre de religion est ainsi appelée à cause de la bataille de Saint-Denis, où fut tué le connétable de Montmorency qui commandait les troupes du roi. La paix fut conclue le 23 mars 1568.