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trop de contradiction pour faire sy tost recevoir le concile et les Jésuites, et pensant néantmoins avoir besoin de tesmoigner en quelque acte signalé sa bonne volonté au Pape, se résolut de le contenter en sa personne. Sur l’instance très ardente que l’Évesque de Modène, Nonce du Pape, luy faisoit à toutes ses audiences, de luy faire raison de ce qu’un sien serviteur, de telle qualité et de tel nom en son service, avoit ozé escrire contre l’Églize Romaine, le Pape mesme en ayant faict troys depesches au Roy dont la dernière, au temps de la conférence prétendue de Fontainebleau, fut apportée par le sr d’Alincourt, en laquelle parlant de mons du Plessis l’appeloit son ennemi, et S. M. estant en ceste résolution d’un faict qui sembloit inopiné, prit occasion de parvenir à ceste fin.

Il a esté dit que S. M. prenoit pene de dégouster de la religion pluzieurs gentilzhommes qui estoient près de luy ; à ceste fin, il les faisoit solliciter par quelques théologiens, mais le plus souvent importuner par le frère de l’Evesque d’Evreux ; le sr de Ste Marie du Mont particulièrement, estant tout résolu à la révolte, pour y apporter quelque couleur fit mine de vouloir s’esclaircir par quelque conférence privée ; sur quoy mesdames la Princesse d’Orange et de Chastillon, rencontrans monsieur du Plessis à Ablon au presche, le prièrent de se trouver le lendemain à disner chez madame la Princesse d’Orange, où ilz furent trouver Ste Marie. Il en feit difficultez, leur alléguant que c’estoit un homme tout perdu, qui ne vouloit que prétexte à sa révolte, que cela ne feroit qu’un esclat sans proffit, peut es-