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non seulement elle lui estoit nécessaire, mais mesme luy suffisoit seule, parce que contre sa vie les Jésuistes, gens d’églize et autres cy devant par eux suscitez par un prétendu zèle n’oseroient jamais attenter tandis qu’il seroit bien avec le Pape. Et aussy peu auroient le moïen les grands de son royaume de soubzlever ses subjectz contre luy et luy brasser des monopoles, par ce qu’il n’y auroit pas prétexte pour ce faire que la religion lequel leur manqueroit, et n’y seroient suivis tandis qu’il seroit bien en court de Rome. Ce qui soit dit en passant parcequ’il faict à ce qui fut depuis projette contre monsieur du Plessis.

En suite de ce que dessus, le Pape requéroit instamment le Roy de faire publier le concile de Trente en son royaume et de restablir les Jésuites. Et estoit S. M. persuadée de faire l’un et l’autre jusques à y persuader autant qu’elle pouvoit les autres, contre la procédure de ses prédécesseurs qui souloient prendre conseil de leurs gens de la court de Parlement pour s’en desfaire, et les exhortoient à bien estudier les raisons pour s’en défendre. Et entra S. M. en propos avec monsieur du Plessis lequel, présentz messieurs les mareschaux de Biron, de Laverdin et d’Ornano, luy dit les raisons pour lesquelles estoit dangereux de le recevoir, tirées de l’intérest de sa personne et de son estat. Mais comme S. M. s’en sentit pressée. Elle le coupa par ces motz : « Sy faut il que nous soyons tous chrestiens, » et briza la. Dont s’ensuivit qu’es conseilz qui furent depuis tenus chez le sieur Zamet et chez M. le chancelier où le faict du concile fut mis sur le bureau, S. M. ne