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tour qu’il eust la nouvelle de la subite mort de madame la duchesse de Beaufort[1] jugement de Dieu en miséricorde sur le Roy et sur la France pour les maux que tous les prudenz prevoioient et ausquelz nulle prudence ne pouvoit pourvoir. Il fut sollicité de plusieurs de prendre la poste pour consoler S. M. ; mais il ne pouvoit s’imaginer en quelz termes de conscience qui luy peussent estre agréables, qui fut cause qu’il se contenta d’escripre à M. de Loménie pour scavoir de la santé de S. M., craignant qu’elle fust endommagée par cest ennuy.

Cependant noz députez de noz Eglizes continuans leur résidence à Chastellerault, n’ayant accepté l’édict modifié comme il estoit, l’avoyent envoyé aux provinces, pour scavoir ce qu’ilz en auroient à faire ; sur quoy la plus part furent d’avis de faire nouvelles remonstrances à S. M. à ce qu’il luy pleust de le faire valoir tel qu’il avoit esté arresté à Nantes ; particulièrement les provinces du Haut et Bas Languedoc et Haute Guienne se résolurent d’envoyer députez vers S. M. à ceste fin. Sa Majesté de ce advertie se trouvoit perplexe, en ayant, ce luy sembloit, assez accordé à ceux de la religion pour offenser les catholiques romains, et non assez pour satisfaire ceux de la Religion, et par ainsy n’ayant contenté ny les uns ny les autres ; et en ceste perplexité se laissoit aller à des propos assez rigoureux. Là dessus donq S. M. fit dépescher un courrier exprès vers monsieur du Plessis par lequel il s’en plaint à luy, le faict tesmoing de ce qu’il avoit faict

  1. Gabrielle d’Estrées mourut le 8 avril 1599.