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Il prit donck congé de S. M. à Fontainebleau, quelques jours avant Pasques, pour revenir à Saumur, laquelle, bien qu’elle fust fort avant en l’exécution de son dessein pour le mariage de madame la duchesse de Beaufort, ne s’en ouvrit touteffois aucunement à luy, auquel il ne céloit guères d’autres affaires, continuant en la façon dont il avoit tousjours vescu auparavant avec monsr du Plessis, auquel, nonobstant quelconques privautez, il n’avoit jamais parlé de ses amours, le tenant suspect en tous telz affaires. Avant que partir aussy, il fit trouver bon à S. M. qu’il envoyast nostre fils en Hollande pour le rendre capable de servir un jour à sa patrie, sans charge touteffoys afin de l’en pouvoir retirer plus ayséement, lequel partit tost après son retour, ayant assisté au mariage de sa sœur, nostre fille aisnée, avec l’aisné de la maison de Villarnoul, Jehan de Jaucourt, célébré à Saumur, le quatorziesme d’Apvril en cest an 1599, duquel les accordz auroient esté passés avant son voyage en court ; maison illustre en son pays de Bourgogne, ancienne, bien alliée et de bon nom, mais en laquelle la profession de la religion et la misère du temps a laissé de grands affaires. Eusmes aussy ce bonheur que M. de la Borde, mon frère, qui tient aujourd’huy le lieu de l’aisné, s’y trouva venant faire protestation en l’Eglize de vivre doresnavant en la vraye religion, de laquelle il s’estoit départy depuis l’an 1572, par la déroute générale de nos Eglizes ; singulière consolation à moy de voir la bénédiction de Dieu rentrer avec sa parole en nostre maison.

Monsieur du Plessis ne fut pas de sy tost de re-