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tinrent coup, et le Roy y testifia tousjours sa bonne volonté, recommandant l’affaire et la personne à ceux qu’il voioit estre besoin, sauf qu’il avoit donné sa parole de tirer St Phal des voies de la justice qui portent ignominie.

Monsieur du Plessis, vers le mois de Juillet de l’an 98, avoit mis en lumière son livre de l’institution de la Ste Eucharistie, et n’est à croire comme il remua tous les espritz, et surtout esmeut et troubla le clergé. Plusieurs de ses amys eussent désiré que c’eust esté sans y mettre son nom ; mais encore qu’il préveust assez quelle envie il attireroit sur luy, il considéra qu’il seroit plus leu et par conséquent serviroit plus à l’esclaircissement de la vérité portant ceste marque. Le cardinal de Médicis, lors légat en France, qui estoit sur son parlement, en emporta six exemplaires en Italie. Les Jésuites de Bordeaux requirent le Parlement de le faire défendre et brusler, ausquelz il fut respondu par monsieur Daffiz, premier président, que ces chemins n’estoient plus tenables, mais qu’ilz advisassent, puisqu’il prenoit à garend les Pères, d’y bien respondre, et là dessus, partirent entr’eux leurs ouvrages pour y travailler. Boulenger, aumônier du Roy, attaqua la préface avec autant de témérité que d’impudence, et pour luy oster le crédit, impugna la plus part des passages de faux, auquel, premier que partir de Saumur pour son voiage, fut satisfaict par monsieur du Plessis et la responce imprimée. Mais le grand bruit, c’estoit par toutes les chaires du Royaume, et nomméement à Paris, pendant le quaresme, où les Prescheurs n’oublioient rien de séditieux, et contre le livre et