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S. M., mettant un genouil en terre, il le suppliera très humblement luy pardonner la faute qu’il a commise et trouver bon qu’en sa présence il satisface à monsieur du Plessis.

« Puis il se lèvera et dira au dit sieur du Plessis :

« Monsieur, ayant cru que vous aviés faict quelque rapport au Roy qui pouvoit révoquer en doubte la fidélité que je luy doibtz comme son très fidelle subject, cela a esté occasion qu’estant à Angers, ayans disné ensemble au logis de M. de la Rochepot, vous voyant sortir du logis, accompagné de quattre hommes, je sorty un peu après vous, plus accompagné que vous, et en trouvay encorres qui se joignirent avec moy ; vous ayant rattaint, je voulus m’esclarcir de ce doubte avec vous, sur quoy, vous me tinstes des langages honnestes, m’offrant de m’en faire raison telle qu’on a accoustumé entre gens d’honneur, chose suffisante pour me contenter ; mais la créance de cest offense avoit peu tellement sur moy qu’elle m’osta la raison et me fit passer à l’injure que j’avois délibéré vous faire, prenant un bâton que j’avois derrière mon doz, sans que le peussiez voir, et vous en donnay un coup qui vous porta par terre. Soudain j’allay à mon cheval quoyque les miens eussent l’espée à la main, et donnèrent quelques coups aux vôtres qui vous vouloient garentir des miens. Je reconnois vous avoir faict cest offense de propos délibéré, et avec tel adventage qu’il n’y a homme d’honneur à qui l’on n’en puisse faire le semblable ; ce qui me faict vous supplier me le pardonner, et me submetz de recevoir de votre main un pareil coup que vous receustes, vous suppliant intercéder