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grande extrémité, et passa une partie des troubles à Montagny, où elle eut tous ses enfans et ses nepveux malades. La maladie de monsieur du Plessis et les troubles fut cause de luy interdire ses estudes, et oublia tout ce qu’il avoit auparavant apprins ; ce que voyant madamoyselle sa mère, et considérant qu’il avoit treze ans passés, elle le voulut donner page ; mais il la persuada et feit persuader de telle façon qu’elle rompit ce desseing, car il désiroit surtout de recommencer et continuer ses estudes ; depuis, congnoissant ce désir, elle délibéra de le mettre avec M. le chevalier d’Angoulesme, depuis grand prieur de France, qui estoit chez monsr Morel, où il estudioit, espérant que là il apprendroit avec les lettres plus de civilité qu’ailleurs ; mais enfin il la pressa tellement qu’elle le renvoya à Paris et luy donna pour précepteur monsieur Lazare Ramigny, natif de Linsle ès Montagnes de Nice, de Provence, homme religieux et docte, mais véhément selon l’humeur de son païs, lequel luy avoit esté adressé par monsieur Mercier, professeur du Roy en la langue hébraïque. Lors il se meit à travailler beaucoup pour reguaigner le temps que les troubles et maladies luy avoient fait perdre ; et combien qu’il feust presques à recommencer, et qu’il deust, selon sa capacité, aller aux colléges fermés, où les leçons ne sont sy hautes, la honte qu’il avoit, se voyant grant, le faisoit aller aux leçons publiques, tant y a qu’en troys ou quattre ans qu’il y fut il travailla de telle façon qu’il attrapa et passa ceux de son aâge. Sur le milieu de ses quattre ans qu’il estoit à Paris, y arriva monsieur de Nantes, son oncle, lequel, après avoir sondé, par l’ouverture de