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rens de St Phal, vinrent trouver monsieur du Plessis, détestans ce méchant et luy offrant de luy en faire telle raison que luy mesme arbitreroit. Il fit response que le fait estoit trop cru pour y penser, qu’il prendroit conseil avec ses amys de ce qu’il avoit à faire. Les officiers du Roy le vinrent aussy voir, ausquelz il fit responce qu’ilz scavoient le devoir de leurs charges, n’ayant d’autre désir que de sortir de là, où il ne voyoit grande seurté ; ce soir mesmes, il me depescha Lenteuille avec lettres de sa main, et Pilet, dès qu’il se vit hors de danger, lesquelz me trouvèrent à Gien extrêmement affoiblie du battement de cœur qui m’avoit redoublé par l’usage des eaux et des baingz, ces mesmes jours, m’y estant venu rencontrer nostre filz, retournant de ces voyages ; mais ceste joye fut destrempée de ceste douleur, par laquelle, nonobstant ma foiblesse, après avoir loué Dieu, je me résolus de venir en toute diligence trouver M. du Plessis à Saumur, et mon filz prit le devant en poste, et à ceste entreveüe, nous sembloit que nous renaissions l’un et l’autre, luy sortant contre toute apparence de cest assassinat, moy contre toute espérance du sépulchre.

Entre Angers et Saumur fut par monsieur de Schomberg dépesché vers le Roy, monsr de la Bastide, gouverneur des Pontz de Sée et maistre d’hostel ordinaire de S. M., qui luy portoit l’histoire de ce qui s’estoit passé en la personne de monsieur du Plessis, telle qu’elle est insérée en l’escript cy dessus mentionné ; laquelle prist ce faict à cœur, et aussy tost le redespescha vers monsieur du Plessis avec lettres escrites de sa propre main, en ces motz que