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choit derrière, dont il tomba, chancellant comme il tiroit son espée, et aussy tost St Phal alla gaigner son cheval, le laissant à achever aux siens qui luy tirèrent quelques estocades à terre, dont partie la cheùte, partie l’assistance d’un des siens le garantit ; aussy qu’il se releva aussy tost, l’espée à la main ; mais le dit St Phal estoit évadé et avoit faict haye des siens à travers de la riie pour couvrir sa retraicte et aller gaigner son cheval qui l’attendoit. Il avoit dix ou douze hommes de main avec luy qui tous mirent l’espée au poing, attitrez[1] à cest acte, outre plusieurs autres cachez dans les boutiques qui parurent après le coup ; et monsieur du Plessis n’avoit pour tout que Lugny son escuyer, qu’ilz prirent par derrière, au même instant, et le jettèrent par terre, Brouard son maistre d’hostel qui le para de quelques coups, lorsqu’il fut porté par terre, un commis d’un receveur de Saumur nommé Pilet, et ung autre jeune homme nommé Drugeon, qui s’y trouva fortuitement, lesquelz deux donnèrent à travers de ceux de St Phal, et en remportèrent chacun un coup d’espée. Le bruit fut aussy [tost en la ville[2],] que monsieur du Plessis estoit tué. Mesmes en la Doutre, argument certain de l’intention du dit St Phal ; mais, grâces à Dieu, la blessure fut petite pour le coup, et y parut que les hommes ne tuent pas quand ilz veulent et qu’ilz semblent le pouvoir faire. Dès ce soir, M. de Brissac, M. de la Rochepot et M. d’Avaugour, pa-

  1. L’édition de M. Auguis, au contraire des deux manuscrits, porte : « Qui tous avoient l’espée au poing, attirés à cet acte. »
  2. Manque dans l’édition de M. Auguis