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rer de luy, et désiroit luy résigner partie de ses bénéfices, tellement qu’au commencement qu’il fut mis au collège, on l’habilloit comme ceux qui prétendent à l’Eglize. Mais depuis l’heure que Dieu luy eust tant soit peu manifesté les abuz, il ne prit plus plaisir à en ouyr parler. Quelque temps après donc il fut renvoyé à Paris chez monsr Prebet qui logeoit derrière le collège de Boncourt, et fréquentoit lors les leçons de la seconde classe, avec apparent progrez et sans participer à l’idolâtrie. Plusieurs enfans d’honneste maison estoient nourris ensemble, entre autres les plus jeunes de Rambouillet et ceux de Bellenave. Mais derechef, par un malheur qui sembloit poursuivre ses estudes, il ne peut continuer que deux mois, parce que les troubles qui commencèrent alors en France[1] (1562), furent cause qu’on le voulut contraindre en sa conscience, comme de faict on contraignit ses compagnons, qui fut occasion que promptement il en advertit madamoyselle sa mère qui l’envoya quérir par Crespin Guaultrin, receveur de sa maison, et quelque aultre des siens. (Le dit Crespin fut affectionné à monsieur du Plessis, parce qu’il estoit esleu son curateur du vivant de feu monsieur de Buhy son père, lors que feu monsieur le Doyen, son oncle, voulut acquérir la terre de Ouatimesnil en son nom et pour son proffit). Et d’aultant qu’il y avoit une grand

  1. La date est ajoutée dans le manuscrit de la Sorbonne, elle manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis. Les troubles dont il est ici question suivirent le massacre des protestants à Vassy ; le Prince de Condé reprit les armes, pour demander le renvoi des Guise et la liberté de conscience. Dans la bataille de Dreux, les protestants furent vaincus et le Prince de Condé fait prisonnier.