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minay aux eaux de Pougues au mesme jour que monsieur du Plessis à Chastellerault, là où il ne fut pas sans affaires, car plus il s’y trouvoit de gens, plus il y avoit d’humeurs à combatre ; et le peu de devoir qu’on faisoit au conseil du Roy de contenter ceux de la Religion sur les choses nécessaires donnoit subject de s’attacher aux non-nécessaires, mesme de se vouloir prévaloir de l’affliction publique du Royaume, puisqu’ilz aymoient mieux s’opiniastrer contre leurs justes requestes que d’être servis d’eux en les leur accordant. L’opinion cependant de monsieur du Plessis estoit tousjours de conclurre ce traicté, plus tost à moins, pour, iceluy conclu, se porter tous ensemble au secours du Roy devant Amiens qu’il jugeoit estre une crise de l’Estat et de leurs affaires, parceque ce qui leur seroit accordé seroit tant plus tost vérifié par le Parlement de Paris, attendant, en l’anxiété où il estoit, ce notable secours d’eux ; parcequ’ilz changeroient le reproche qui leur estoit faict de troubler le Roy en l’affliction de ses affaires en une congratulation de leur service sy opportun ; parcequ’il y avoit apparence que l’exécution des choses promises s’en feroit plus gayement ; parceque bref, sy Amiens se perdoit, la perte étoit irréparable pour tout le Royaume, la conséquence non mesurable, et à tout cela, ilz auroient à participer ; sy au contraire il se prenoit, le gré leur en seroit perdu, leurs conditions en empireroient, et d’autant plus qu’il s’en ensuivroit une paix entre les deux Rois, qui rendroit le Roy plus redoutable, et relèveroit les catholiques de la nécessité de leur accorder ce qu’ilz demandoient. A quoi néant-