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Sorbonne, où il estudia très diligemment, et le leut plusieurs foys, ayant désir de s’esclaircir et invoquant Dieu pour estre adressé ; et comme il en réitéroit la lecture, il remarquoit tantost que le purgatoire et prières des saincts n’y estoient pas mentionnées, tantost que l’idolâtrie y estoit expressément défendue, etc. ; ce qui le fît entrer en doute du surplus et lire plus songneusement, mesmes quelques autres livres, tellement qu’il vint peu à peu jusques à s’esclaircir du Sacrement de la Cène. Et ainsy pièce à pièce, par la grâce de Dieu qui luy avoit donné la volonté de chercher la vérité, y fut adressé ; et de l’heure qu’il l’eût congnue, combien que madamoyselle sa mère allast encorres à la messe, se rézolut de la quitter ; mais tost après, qui fut un peu devant le Colloque de Poissy[1], 1561, Dieu leur fit à tous la grâce de renoncer à l’idolâtrie et faire profession ouverte de la Religion en laquelle nous voulons tous, moyennant sa grâce, vivre et mourir. En ce temps, messire Philippe du Bec, évesques de Vannes et aujourd’huy de Nantes, avoit quelque congnoissance des abus et en parloit à madamoyselle de Buhy sa seur assez librement. Dieu s’estant mesmes servy de luy pour l’instruyre, par quelques livres qu’il luy avoit autreffois apportés d’Angleterre. Or monstroit il d’aymer monsieur du Plessis son nepveu, et espé-

  1. La date est ajoutée dans le manuscrit de la Sorbonne ; elle manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis. Ce célèbre colloque, tenu à la requête de la reine Catherine de Médicis, dans le chimérique espoir d’amener une réconciliation entre les deux religions, ne servit à rien, en dépit du talent et de l’esprit du cardinal de Lorraine et de Théodore de Bèze qui soutinrent la discussion.