Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec de grandz tesmoignages de la piété qu’il avoit monstrée en toute sa vie, ne signifiant autre regret que de n’avoir peu voir M. du Plessis, en l’absence duquel, après en avoir receu ses lettres, je mis le capitaine Teil dedans le chasteau, lieutenant de la compagnie de mon filz, pour le luy garder, qui luy a esté continuée depuis. Ce ne fut sans nous appercevoir de quelque commencement de mauvaise trame qui fut aussy tost rompue.

Mais peu après se résolut monsieur du Plessis de s’y retirer du tout et y faire notre principale demeure, ayans esté averty d’une entreprise brassée par quelques habitans et fomentée par mauvais voisins de se saisir de sa personne, pour au moyen d’icelle faire rendre le chasteau. Et en estoit entre autres nommé pour instrument principal un Italien nommé le capitaine Pol ; ce ne fut sans grand incommodité et despenses du commencement, parce qu’il estoit tout en ruines. Là je commençay, quelques d eux mois après, d’estre plus violentée de mon catharre, mesmes de craindre la perte de la vue, de laquelle je sentoy grand diminution, à quoy j’apportay comme jusqu’à présent, tout le soin que je peus sans y espargner aucun remède, non sans une continuelle appréhension d’estre privée de ma seule consolation que je prenoy en la lecture des Sainctes Escritures. Dieu me la rendra, s’il luy plaist entyère, et en tout cas me sera consolation luy mesmes par son St Esprit.

Un synode général fut tenu au printemps à Saumur en la sale de nostre logis de la maison de ville, que nous retenons tousjours pour loger noz amys,