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selle sa mère l’envoya quérir au collége pour l’amener chez elle, pour le faire assister au deuil et cérémonie de feu monsieur de Buhy son Père ; pour l’amener elle envoya un Maistre Jehan de Lus, prebstre, depuis curé de Magny, lequel commenceoit à s’apercevoir que mademoyselle de Buhy n’affectionnoit point la religion romaine, de sorte que, par le chemin, il se mettoit à prescher et admonester monsieur du Plessis de continuer toujours d’estre bon catholique et vivre comme on l’avoit apprins, sans se guaster aux opinions luthériennes de sa mère. Cela le mettoit en pene, et luy feit responce, selon son enfance, que quant à luy il y vouloit continuer ; touteffois si on luy mettoit quelque double, il lyroit songneusement les Evangiles et Actes des âpostres, et s’y conformeroit selon ce qu’il y trouverroit, et disoit cela de son instinct sans y rien penser plus outre. Alors le dit Maistre Jehan de Luz luy respondit que, s’il faisoit cela, il estoit perdu, et qu’il falloit qu’il se contentast de ce qu’on luy avoit enseigné et qu’il estoit trop dangereux de lire les livres. Arrivé qu’il fut à Buhy, avec madamoyselle sa mère, il y trouva ses autres frères et seurs. Son frère aisné, Pierre de Mornay, aujourd’huy sieur de Buhy, revenant de page de chez le roy François second peu auparavant décédé, avoit été avec madamoyselle sa mère à quelques presches chez monsieur de Lizy, et avoit aussi apprins son catéchisme, duquel il voulut parler et le bailler à son père, mais il luy refusa de le prendre, ne voulant lire aucun livre suspect ; seulement il recouvra ung Nouveau Testament de l’impression de Rouville, de Lyon, latin et françoys, avec privilége du Roy et l’approbation de la