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gence ; ilz en eurent aussy le loisir deux mois durant, parceque M. du Plessis n’avoit ni forces ny canons en nombre suffisant pour l’entreprendre seul, et que ce qui se faict par plusieurs est ordinairement subject à longueur, ayant à s’entre attendre, et n’allant pas chacun de mesme pas ; mais la principale traverse fut que M. de Boisdauphin s’estant offert à les assister pour ceste entreprise, M. de la Rochepot et luy, de mil harquebuziers qu’il avoit, il les bailla à commander à un nommé Perraudière, homme de peu de foy qu’il avoit particulièrement offensé et auquel néantmoins il se fioit, contre l’advis de monsr du Plessis, et mesme de M. de la Rochepot, lesquelz ne prenoient point plaisir à se servir de ces forces commandées par cest homme, parcequ’il eust faict une bonne partie de leur armée, et que c’estoit plus tost se commettre à luy que se servir de luy ; outre ce que la plus part de ses capitaines et soldatz estoient frais revenuz de la Ligue, dont ilz n’avoient encor quitté les escharpes, et moins la volonté. Et avoit M. du Plessis advis, à toute heure et de divers endroictz, de s’abstenir de ce siège, à l’occasion duquel on luy feroit un mauvais tour, et sur sa personne et sur sa place, dont j’estoy en une perplexité extrême. Enfin, comme il fust allé à Loudun pour rallier toutes les forces qui tenoient les champs de toutes partz, il eut advis, tant de M. de la Rochepot que de M. de Boisdauphin, de la trahison descouverte de Perraudière lequel avoit promis de se saisir de l’artillerie, et tout au moins des personnes de M. de la Rochepot et de M. du Plessis, pour les livrer à M. de Mercœur pour la somme de trente six mil es-