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mois de Septembre, me retrouvay à Saumur près de M. du Plessis, lequel aussy avoit usé quelques jours des eaux de Fougues que je luy avoy envoyés pour crainte de la gravelle. J’euz aussy ce contentement en ce voyage de voir plusieurs Esglizes que Dieu avoit réservées de tant de naufrages par sa miséricorde, semences de plus grandes quand il luy plaira multiplier son peuple.

Pendant mon voyage, s’exécuta près de la Chasteigneraye un cruel carnage sur ceux de la religion assemblez pour ouyr la Parole de Dieu en une maison du Sr de Vaudoré appellée la Bressardière. Les exécuteurs estoient les chevaux légers de Rochefort, assistez de quelques autres. Monsieur du Plessis prist ce faict à cœur, et bien qu’il fut en tresve, envoya le capitaine Bruneau, sergent major de Saumur, vers toutes les Eglizes et garnisons de Poictou pour exciter les gouverneurs et noblesse et leur ouvrir les moïens de s’en ressentir, affin que la punition qu’ils en feroient empeschast semblables attentatz à l’avenir. Offrit mesmes et argent et forces, et autres commoditez à ceste fin, et l’ay ouy souvent plaindre que ce faict ne fust pas embrassé de telle affection ny en justice, car il leur fit obtenir lettres du Roy fort expresses, ny par la voye de faict qu’il jugeoit estre à propos.

Aussy durant mon absence, il commença un œuvre de longue aleine, qu’il s’estoit proposé de longue main, pour monstrer le progrez tant de la rhapsodie de la messe Romaine que de sa doctrine, que Dieu bénira, s’il luy plaist, à l’instruction de son peuple. Se traicta aussy aux Pontz de Scé, par M. de la Ro-