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mais il reconnut bien qu’on avoit gagné ce poinct sur luy de remettre les affaires dont un mariage dépendoit après qu’il auroit l’absolution du Pape, et peut estre quelque autre affection[1] en amolissoit le désir. Luy parla du mariage de madame sa sœur ; il se plaignoit qu’elle ne vouloit pas ceux qu’il vouloit, et luy commanda de luy parler de monseigneur de Montpensier, ou de M. le marquis du Pont, mais elle luy dit certaines raisons pour lesquelles elle ne s’y pouvoit accommoder. Il se brouilla aussy en ce voyage quelques affaires dont Sa Majesté receut de grands mescontentemens contre quelques personnes qualifiées de la religion, vers lesquelz il addoucit S. M. autant qu’il peut. Nostre filz, quinze jours auparavant s’estoit départy de nous, pour commencer ses voyages par la veue de Paris ; le vint trouver à Fontainebleau, où il le présenta au Roy qui lui fit beaucoup de bon visage, et luy fit parler de le laisser près de luy, ce dont il s’excusa pour le vouloir rendre plus capable de luy faire service premier que rapprocher de sa personne. Luy fit saluer aussy tous les seigneurs de la court, desquelz il fut fort bien veu, et dès lors le fit recevoir à la capitainerie du chasteau de Saumur dont il fit le serment entre les mains de M. le conte de Chiverny, chancelier de France.

Sa Majesté, ayant jà dit adieu à Paris pour commencer son voyage, eut advis que monseigneur le conte de Soissons se résolvoit de ne l’y accompagner point, ce qu’il interprétoit à mauvais sens,

  1. Henri IV était alors épris de Gabrielle d’Estrées.