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ner une tresve pour six mois, pourvu que les Hespagnols sortissent par mesme moyen, afin que le peuple connust de quel costé venoit la continuation de ces misères. Et repartit M. du Plessis pour ceste négociation le 27e Janvier 1595, nonobstant un flux de ventre dont il estoit travaillé, il y avoit plus de trois mois, et que les médecins jugeoient luy procéder d’une débilitation du foye et duquel il n’estoit encor bien guéry.

Fut attenté sur la personne de S. M., par un nommé Pierre Chastel[1], qui le blessa au visage. S. M. dépescha incontinent un courrier pour en advertir tous ses gouverneurs, et par ceste mesme voie en escripvit à M. du Plessis, mais particulièrement luy en depescha un second avec lettres de sa main, et un ample mémoyre de toutes les circonstances pour luy lever toute appréhension, par lesquelles Elle l’adjuroit de faire prier Dieu pour luy par toutes les Eglizes et luy faire rendre grâces de sa délivrance, monstrant un soin et souvenir spécial de luy en ceste insigne affliction, dont monsieur du Plessis se tenoit estrangement obligé à S. M. De là il prit subject de luy escrire une lettre par laquelle il luy remonstroit le jugement de Dieu, et l’exhortoit à sentir sa main et à se convertir à luy, afin qu’elle ne s’appesantist point sur luy et sur son peuple, et icelle se trouva en ses papiers.

Après quelques remises fut question de retourner à Ancenis pour la négotiation de Bretagne, de la-

  1. La plupart des historiens disent Jean Chastel. La tentative d’assassinat eut lieu le 24 novembre 1594.