Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gard des articles secretz accordez à Mantes que S. M. ne leur vouloit bailler, craignans qu’ilz fussent divulguez, fut dit du propre mouvement de S. M. qu’ilz seroient expédiez en bonne et deue forme, puis baillés en garde et comme en dépost à monsieur du Plessis, auquel les Eglizes avoient confiance, pour y avoir recours lorsque besoin seroit. Or, il loua grandement Dieu de ce qu’il avoit conduit son voyage sy à propos qu’il avoit eu ce bonheur d’acheminer les choses à quelque plus tolérable condition pour les Eglizes, et d’autant plus que par les maux passés, et par la distraction des espritz, il n’y voioit pas l’ordre et l’union telle pour encor qu’il eust esté à désirer.

En ce mesme voyage, il eust ce bonheur de voir madame la Princesse d’Orange[1] venue en France pour quelques siens affaires, et de renouveller avec elle l’amitié que feu monsieur le Prince son mary luy avoit portée. Ce qu’il eust d’autant plus à gré qu’il délibéroit d’envoier en sa compagnie notre filz en Hollande pour commencer ses voyages et continuer ses estudes. Aussy furent esleuz monsieur de Rambouillet et luy arbitres par monseigneur de Montpensier et monsieur de Turenne, duc de Bouillon, des différends où ilz estoient pour la succession des terres souveraines de la maison de Sedan, à cause de la contrariété de trois testaments, scavoir de feu Henry, Robert de la Marck père[2], de feu Ro-

  1. Louise de Coligny, quatrième femme du Prince d’Orange, Guillaume le Taciturne, assassiné par Balthazar Girard, en 1584.
  2. Guillaume Robert.