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un passaige d’Yves, évesque de Chartres, que cela appartenoit de droict à l’archevesque de Rheims. Touteffois, l’espérance, que par quelques dépesches on donnoit, de l’adoucissement du Pape envers la France, l’apparence qu’il y en avoit en la nécessité de la chrestienté, pressée du progrès du Turc[1] en Hongrie, et les difficultez que faisoit naistre le cardinal de Gondy qui craignoit d’avoir à faire cest office, fut cause qu’on se résolut de faire encor une dépesche à Rome pour sonder le Pape par quelques confidens serviteurs sur l’absolution, sans parler de la dissolution, avec résolution, s’il ne parloit François, de passer outre. Les Séguiers aussy, qui ont en autre chose assez montré leur venin, taschoient fort de guaster cest affaire par leurs subtilitez.

Pour le second concernant une assemblée des notables du Royaume, comme le voyage de Lyon fut longtemps différé de mois en mois, aussy ne fut-il pas fort vivement poussé, parce qu’il estoit remis à Moulins au retour de ce voyage, et parce qu’il y avoit à doubter que quelques personnes artificieuses en fissent retomber l’effect contre ceux de la Religion, comme cy devant on avoit accoutumé de toutes assemblées ; mesmes qu’iceux, ne leur estant point satisffait sur leurs requêtes, pouvoient en entrer en jalousie, fut trouvé bon par les plus sages de terminer les affaires qui les touchoient avant qu’entrer plus avant en ceste assemblée.

  1. Rodolphe d’Autriche était alors roi de Hongrie ; il avait subi plusieurs échecs de la part du pacha de Bosnie, lieutenant du sultan Amurat III.