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esté choisy, disoient-ilz, en partie pour y jouir plus commodément de la présence de monsieur du Plessis, sans touteffois en avoir attendu son advis. Il jugea incontinent que S. M. en pourroit prendre jalousie et que les calomniateurs en tourneroient la haine sur luy ; mesmes d’autant que ceste assemblée se convoquoit sans que S. M. en eust donné la permission ; et pourtant qu’il y falloit obvier, tant pour le général que pour le particulier.

Advint à propos qu’environ le temps que les ditz Députez s’en alloient en court, S. M. escripvit à monsieur du Plessis deux ou trois lettres, par lesquelles elle le pressoit fort de l’aller trouver, disant le vouloir voir avant son voyage de Lyon, et ne le retenir que dix jours. Les causes estoient diverses, car le Roy disoit vouloir mettre une fin au faict de son mariage ; d’ailleurs, délibérer de la réformation de toutes les parties de son estat, et pour icelle, tenir une assemblée à Moulins. La troisiesme n’estoit la moindre ; que S. M. vouloit avoir son advis sur les moyens de donner contentement à ceux de la religion, entre lesquela il craignoit quelque nouveauté ; et d’autant plus qu’on luy en avoit escript plusieurs choses, partie vrayes, partie fausses, qui le mettoient en alarme.

Pour le premier, S. M. voulut que la procuration de la Royne Marguerite, dont a esté parlé cy-dessus, fust de rechef examinée ; item, qu’après icelle approuvée, on advisast aux moyens de dissoudre le mariage, qu’on délibérast, s’il se pouvoit, sans le Pape, ou non, par qui, et par quel ordre. Et pour ceste affaire, S. M. nomma messieurs de Nevers,