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Or avoit esté faitte une tresve quelques jours auparavant qui venoit à expirer avec l’année ; M. de Maine avoit envoyé plusieurs fois pour la renouer, mesmes M. de Belin, gouverneur de Paris, par deux fois. Il y sentoit du proffit parce qu’il attendoit une armée Hespagnole, suspendoit les volontés des siens inclinans à traicter avec le Roy dès que la douceur de la tresve leur seroit ostée, et jouissoit cependant des deniers du Royaume par moitié. Fut donq remonstré à S. M. d’autre part qu’Elle y avoit un trop notable dommage à la continuer, mais surtout parce qu’Elle n’y estoit reconnue que pour chef de part[1], qui estoit accoutumer son peuple à vivre soubz autre Roy que luy et soubz autre loy que la sienne, et que tant de gens qui monstroient un désir de traicter avec luy, retenus de l’espérance d’un traicté général de paix par la continuation de la tresve, ne viendroient jamais à s’accommoder en particulier, tandis qu’ilz verroient une voie générale ouverte qu’ilz jugeroient plus honorable et plus seure. Ce poinct fut fort disputé, en un conseil très solennel, et non sans qu’il y parust de monopole faict au contraire. Touteffois, S. M. conclut sérieusement à la rupture de la tresve, et peut on dire que ce fut le commencement de l’heur du Roy. Car alors se déclara le sr de Vitry avec la ville de Meaux ouvertement, et commencèrent à traicter les sieurs de Villeroy, de Halincourt, son filz, pour Ponthoise, de la Chastre pour Orléans et Berry, de Villars pour Rouen ; et Lyon aussy peu après fut réduict, chacun

  1. De parti.