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fonder les procurations et bastir les articles d’instruction dont ilz auroient à charger leurs députez, et ce fut le fondement de l’assemblée qui depuis fut tenue à Mantes dont sera parlé cy-après. Et n’est cependant à oublier que ceste besoigne ne fust pas peu traversée, car comme le Roy se fut rangé à l’Eglize romaine[1] par la cérémonie de St Denis, on fit faire diverses depesches par lesquelles la convocation des ditz députez fut contremandée, et sans les lettres que receut à propos le sr de Vicose et les Eglizes de M. du Plessis, ilz ne venoient point ; mesmes, M. de Bouillon, appréhendant que leur venue fust inutile, jusqu’à ce qu’on vist plus clair dans la négotiation de Rome, n’estoit d’advis de les faire advancer ; mais l’advis de M. du Plessis estoit, puisqu’ilz avoyent esté appellez, qu’ilz devoient venir, que Dieu en tireroit ou une meilleure condition ou une plus évidente justification, et en tout cas, une plus estroicte union et correspondance pour les Eglizes.

Le Roy donq passa en la profession de l’Eglize romaine, ainsy que chacun scait, et les libres advis que monsieur du Plessis luy escrivit là dessus se trouvent en ses mémoyres. Nonobstant, se voyant tousjours pressé du Roy de l’aller trouver, mesmes, ainsy que ses lettres portoient, avant que les députez de la Religion arrivassent près de luy, il l’alla trouver environ le mois de septembre à Chartres. Là

  1. Le roi fit son abjuration à Saint-Denis, le 28 juillet 1593. Trois jours après, il signait avec Mayenne une trêve de trois mois. Les États généraux de la Ligue, tenus à Paris depuis cinq mois, venaient d’échouer dans leurs tentatives pour élire un roi. On résolut de traiter enfin sérieusement de la paix.