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Or pendant tout ce temps, qui fut depuis apvril jusques en aoust, le Roy manda fort expressément et par plusieurs fois monsieur du Plessis, et jusques à s’offenser qu’il ne venoit point et s’en plaindre à plusieurs. Ses raisons estoient qu’il voyoit le Roy résolu à la cheute, et non demandant conseil à ses serviteurs pour s’appuyer contre icelle, cependant que, vers plusieurs de ceux de la religion, il donneroit subject de douter si ce seroit de son conseil ou non, et vers les catholiques romains se chargeroit d’envie et de haine inutilement, (car utilement il l’eust faict volontiers,) pour les difficultez qu’il auroit tasché d’y apporter. Bien escrivit il au Roy que sy sérieusement il vouloit faire conférer de la Religion, pour les éclarcissemens de luy et de son peuple, il y porteroit un front d’airain contre tous périlz, et y accompagneroit une douzaine de ministres capables de faire luire la vérité de Dieu devant le mensonge ; mais aussi supplioit il très humblement S. M., s’il estoit résolu au changement et n’y recherchoit que la formalité par une telle conférence, qu’il ne surchargeast point sa conscience d’un tel crime parce que, se rendant à l’idolatrie après un tel combat où la vérité ne pouvoit estre vaincue, il seroit autheur d’un scandale à l’Eglize chrestienne, comme s’il avoit cédé ou succombé, d’autant qu’il auroit veu la religion dont il faisoit profession loyalement convaincue.

Or furent envoyés les sieurs de Vicose, secrestaire d’Estat de Navarre, et de Beauchamp, escuyer de Madame sœur du Roy, pour faire venir les députez de la religion. Le premier en Poictou et Guienne, le second en Languedoc et Dauphiné, et passa le dit