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le Roy se jetta sur la queue, mais sur la nouvelle qu’il receut de la reddition, il avoit jà pourveu à sa retraicte.

M. du Plessis à Tours, pendant son séjour, ne servit pas peu à modérer une contention qui pensa troubler la ville, à l’occasion de monsieur de Souvray qui ne vouloit reconnoistre monseigneur le Prince de Conti[1], ains tenir son gouvernement en chef, par la mort du duc de Joyeuse, et en vertu de certaine promesse du feu Roy, confirmée par le Roy à présent ; car au moins y apporta t’il une surséance, attendant l’arrivée de Sa Majesté, laquelle il alla par son commandement rencontrer à Amboise. Là il fut receu du Roy avec sa privauté accoutumée, et passa la plus part de la nuict avec luy, s’enquérant de divers choses. Mais surtout luy tenoit au cœur le faict de Madame, d’autant plus proche de son cœur qu’elle avoit tousjours esté de son affection. Le conte de Soissons avoit esté rechercher de mariage ma ditte Dame en Béarn, contre le gré du Roy. Le Parlement du pays estoit entrevenu sur un bruict qu’il la vouloit clandestinement espouser, dont luy avoit convenu promptement sortir. Le Roy tenoit à entreprise contre son autorité cest acte en personne sy proche ; Madame demandoit justice du Parlement ; monsieur du Plessis la conseilloit, premier que d’entrer là, de justifier clairement la sincérité de ses actions devant le Roy, ne pouvant avoir meilleur juge que celuy qui avoit intérest qu’elle fust inculpable. Madame ne s’en ouvrit pas plus avant à luy, ce qui

  1. Gouverneur de Touraine.