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dont il ne s’offensoit point ; seulement il l’advertissoit qu’elle ne le mist en paine vu la rigueur du temps. Or, estant veufve, elle ne voulut monstrer sy tost changement, ny se déclarer avant qu’elle eust fait faire l’enterrement, obsèques et funérailles de feu monsieur de Buhy ; et comme feu monsieur d’Ambleville, père de monsieur de Villerceaux, puisné de la maison de Mornay, et madame de Villerceaux, sa belle-fille, lui remonstroient qu’elle faisoit mal, congnoissant les abus, d’y continuer, veu mesmes que le deffunct son mari les avoit à la mort mesprisez, elle répondit qu’elle ne désiroit commencer par là, et que quelques-uns pourroient interpréter que ce seroit pour espargner douze ou quinze cens escus, à quoy pourroient monter les frais du dit enterrement ; aussi elle observa le deuil et funérailles selon la coustume ; depuis, peu à peu, elle s’abstint d’aller à la messe, tantost soubs prétexte de son deuil et tantost de quelque indisposition ; touteffois, ses enfans continuoient à y aller, et y envoyoit ordinairement les plus petits. Enfin admonestée de Dieu par une grefve maladie, où elle feit son testament et pensa mourir, elle se déclara ouvertement, l’an 1560, avec tous ses enfans, et du depuis, en a tousjours fait, comme elle fait encorres aujourd’hui, profession ouverte, et nonobstant les guerres, persécutions et massacres, a continué et persévéré, et n’y a épargné chose qui ait esté en sa puissance ; mesmement du temps de la Saint-Barthélemy, 1572, que l’Evangile se taisoit presque par toute la France, il continua tousjours en sa maison.

Quant à sa famille et maison, elle l’a tousjours