Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceust les impressions nécessaires à la profession qu’il avoit à suiyvre. Monsieur le mareschal d’Aumont en retourna sy content de luy qu’il disoit partout qu’il aymoit mieux ses refus que les promesses des autres, se reconnaissant avoir esté plus assisté de luy, qui ne luy avoit rien promis, que de tous les autres.

Peu après et sur l’entrée de l’an 1593, arriva Madame, sœur unique du Roy à Saumur, à laquelle S. M. avoit ordonné la ville pour séjour, attendant qu’il l’y vint voir, ce qu’il fit peu après. Monsieur du Plessis luy fut au devant en Poictou, et pourveut qu’en ce petit lieu elle fut aussy honorablement receue qu’ez plus grandz ; mais Sa Majesté désirant le voir premier que d’y venir, luy commanda de l’aller trouver à Chartres, ce que Madame aussy désiroit fort, en confiance qu’il adouciroit entre eux ce que les choses[1] passées y avoient engendré d’aigreur. Et de faict, il partit avec quelques-uns de ses amys, en intention d’y estre peu de jours ; mais, estant à Tours, receut commandement du Roy, par lettres et par la bouche de M. de Souvray, lieutenant de S. M. en Touraine, qui revenoit de la court, d’attendre S. M. à Tours ou luy aller seulement au devant à Amboyse. Quelques petites occasions dilayoient la venue de S. M. et rendoient le séjour de M. du Plessis plus long à Tours ; et surtout ce que M. de Guise passa la Loire, prétendant secourir le Bourg Dieu en Berry, assiégé par M. de Montigny commandant pour le Roy en la province ; d’autant que

  1. À propos du mariage que Madame désirait contracter avec le comte de Soissons, contre le gré du Roi.