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de progrez qu’en sa présence, selon le peu de moyen que l’on nous en donnoit, et de là en avant y apporta un règlement plus certain. Mesmes fait commencer à fortifier le fauzbourg de la Billange qu’il avoit de long temps désigné, lequel depuis Sa Majesté venant à Saumur ordonna estre continué, et en accreut, comme il sera dit, les moyens.

Son premier soin fut de tenter par diverses voies le duc de Merceur, en luy proposant les conditions qu’il avoit jà touchées avec le duc de Maine, qui fit quelque mine de vouloir entendre à une paix, mesme d’estre en déffiance du secours que le Roy d’Hespagne luy envoyoit plus souvent et plus grand qu’il ne vouloit ; mais il n’osa offenser l’ambassadeur d’Hespagne qui soudain luy pratiqua des principaux du clergé pour luy en faire remonstrance. Et d’ailleurs depuis le succèz de Craon, il voioit si peu d’opposition à sa prospérité, au contraire un si facile progrez qu’il tenoit pour facile l’usurpation de ce qui restoit de la Bretagne. Tellement que la fin fut qu’il envoieroit ses députés au duc de Maine, et en passeroit par ce qui seroit arresté en publiq.

Or avoit esté monsieur le mareschal d’Aumont ordonné par S. M. pour le secours de Bretagne, lequel avoit ses forces sur la frontière d’icelle, avoit repris la ville et chasteau de Mayne et sembloit menacer Laval et Chasteau Gontier pour rendre plus aysée la communication des provinces voisines avec la Bretagne. Sur quoy fut monsieur du Plessis sollicité par les plus affectionnés de la ville d’Angers, persuadés par le Sr de la Proutière, maistre des Requestes et intendant de la justice au dit lieu, de prendre