Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mourelles en Poitou, sans avoir esgard à tout ce qui s’estoit passé ; fit en somme, selon son désir, poser le corps sur le bastion qu’il avoit construict et nommé, et délivrer argent pour conduire son train jusques en lieu de séjour et de seureté.

Quant à monsieur le Grand, il l’installa au dit Quillebeuf à son contentement, selon l’intention du Roy, luy dressa l’ordre pour la conservation de la place, luy retint les vaisseaux flamands qui s’en vouloient aller, appréhendans d’estre mal traitez de luy, y remit les deux compaignies de la religion que feu M. de Belesbat en avoit tirés, avec quattre autres compaignies qu’il fît toutes payer, afin qu’ilz n’eussent à molester [les habitans[1]] ; et cela faict prist son chemin par la Normandie, avec escorte du sr de Breteuille, enseigne de monsieur le conte de Torigny, jusques à Argentan, tant qu’il arriva le 6e juillet 1592, grâces à Dieu en santé à Saumur.

Est certain qu’il y eut de l’instinct de Dieu en ce faict, et je luy ai souvent ouy dire qu’il en sentit l’admonition évidemment par plusieurs fois, car il estoit tenté d’aller retrouver S. M. et y achever plusieurs affaires, quand, comme pour le contraindre à autre résolution, il entendit d’une part que Sa Majesté prenait le chemin de Picardie, et d’autre, vit monsieur de Mayne qui se jettoit avec ses forces sur son chemin. De faict, deux jours après son partement de Pont Audemer, le sr de Hacqueville, gouverneur, père du baron de Neufbourg et son parent, livra la ville ès mains de M. de Mayne par une insigne tra-

  1. Ces mots manquent dans l’édition de M. Auguis.