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à faire entendre au Pape que ceste guerre meue contre le Roy ne tenoit rien du faict de la religion, ains d’une ambition et convoitise de régner ; que tous ceux qui s’en mesloient avoient voulu traicter avec le dit seigneur Roy, mesmes avant son avénement à la couronne, nonobstant la prétendue hérésie, et que le Roy d’Hespagne avoit négotié avec luy, par ambassadeurs exprès, pour l’armer contre le feu Roy, premier que rien faire avec ceux de Guise, luy offrant grantz avances de deniers et adjoustant qu’il ne l’abandonneroist point qu’il ne luy eust mis la couronne de France sur la teste ; que M. de Maine, lors mesmes qu’il commandoit l’armée du feu Roy contre luy soubz ombre de l’extermination de la Religion, en l’année 85, aux premiers remuemens de la Ligue, avoit voulu entrer en confédération avec luy, jusques à offrir de venir, soubz sa foy, parler à luy à la Rochelle, mesmes de luy bailler ses filz en hostage de sa fidélité ; qu’à peine y avoit il aucun des plus signalez de la Ligue qui, au plus fort des armes civiles, n’eust eu pratique avec luy (et luy en nommant toutes les circonstances, parce que c’estoient choses qui avoient esté principalement traictées avec luy). Partant, que c’estoit mal procéder en la cure de la maladie de cest estat, d’y appliquer emplastres de religion, d’autant que le mal ne tenoit pas là, mais venoit de l’ambition de ceux qui de long temps prétendoient à l’Estat ; le roy d’Hespagne, comme chef, pour le voir dissiper ; les autres, comme ses satellites, pour en arracher chacun sa pièce ; que là gisoit l’intérest de tous les Princes chrestiens et du Pape mesmes, n’y ayant estat autre que celuy de