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servé en la négotiation l’avoit brouillé et descrié envers plusieurs, et pourtant qu’il en falloit esteindre les bruitz en tant qu’il se pourroit, qu’il feroit assembler les principaux de son party, les plus sages et plus amateurs de la paix, à Soissons, pour conférer avec eux, les y disposeroit avec discrétion, et espéroit les en rendre tous capables. Pour l’ayder à un sy grand œuvre, qu’il estoit besoing de deux choses ; l’une, que le Roy, par négotiations particulières, taschast à y disposer les principaux à scavoir messieurs les ducs de Lorraine[1], Nemours, Mercure, Guise, Joyeuse, leur faisant entendre et convenant avec eux du contentement particulier que chacun d’eux auroit de luy, afin qu’ilz apportassent ou envoyassent en la dite assemblée leurs intentions tendantes à la paix, quand ilz verroient que leur intérest particulier seroit satisffaict ; l’autre, que pour contenter les scrupules des villes, S. M. fit négotier le Pape directement ou indirectement, par les seigneurs catholiques de son party et Princes estrangers ses alliez et amys, à ce qu’il se laschast à consentir à la reconnoissance du Roy et à la paix du royaume, veu mesmes que S. M. s’offroit à recevoir instruction, par toutes voyes deues et raisonnables, promettant le dit sr duc de conjoindre ses pratiques par diverses voies à ce mesme but, tant envers lesditz Princes que vers le Pape, et mesmes d’y envoyer exprès, moyennant quoy il osoit asseurer le Roy que leur assemblée ne se départiroit point sans une paix. Sans ces voyes, qu’il y voioit des difficultés très grandes, pour estre

  1. Charles II de Lorraine, né en 1545, mourut en 1608.