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rendant héritiers de la connoyssance, et debteurs de la reconnoissance de tant de grâces que nous avons receu de luy, et par conséquent embraséz de son amour, touchéz de sa crainte, dépendans de sa providence, assuréz en la fermeté de ses promesses ; et ne pouvons mieux les en faire capables qu’en leur représentant devant les yeux ce que nous avons, par la grâce de Dieu, expérimenté en tout le cours de nostre vie en noz personnes, qui est ce que je leur veux icy descrire particulièrement, ne doutant point qu’ilz ne prennent plaisir un jour de se remémorer les bénédictions que Dieu a espandues sur nous, nommément sur la personne de monsieur du Plessis leur père, en laquelle il a fait de si notables délivrances, (et j’oze dire plus,) auquel chacun a reconnu de telles grâces que ce leur sera heur et honneur de les bien imiter ; à Dieu en soit gloire que je prie les luy continuer et augmenter pour lui servir le reste de ses jours.

Je commenceray donc à leur en faire le discours de sa naissance. Il naquit à Buhy, païs du Vexin le Françoys, mil cinq cens quarante neuf, le cinquiesme novembre, deux heures devant le jour, et fut baptizé le onziesme jour du dit moys ; son père fut messire Jacques de Mornay, chevalier seigneur de Buhy, et cy sa mère dame Françoise du Bec Crespin, fille de messire Charles du Bec, vis admiral de France[1] [et de dame Madeleine de Beauvillier, fille du comte de Saint-Aignan et de Anthoinette de la

  1. Cette phrase manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis ; elle est écrite en note dans le manuscrit de la Sorbonne.