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quel seul le dit sr de Grammont avoit pris intelligence et communication premier que partir, pour continuer les erremens,) joint la venue du Duc de Parme qui convertit toutes les pensées des deux partis aux actions plus pressées de la guerre, l’un entreprenant le secours de Rouen, l’autre tout occupé à l’empescher.

L’occasion de ce voyage d’Angleterre fut telle ; le Roy avoit tiré quattre mil hommes de pied d’Angleterre, lesquelz s’estoient consommés de maladie, le siége de Rouen ayant été différé jusqu’à l’hyver, à l’occasion du siége de Noyon et du voyage du Roy au devant de ses estrangers. Cependant Sa Majesté estoit avertie de la prochaine venue du duc de Parme et considéroit que, sans un renfort d’infanterie, il luy estoit impossible de faire teste à la campagne au dit duc et continuer le siége de la ville tout ensemble, outre qu’en tout cas il avoit besoing de gens de pied pour attaquer la ville, n’ayant jusques là entrepris que le fort S. Caterine, à faute de suffisante infanterie. Il fut donq résolu d’envoyer prier la Royne d’Angleterre d’octroyer un nouveau secours, et fut monsr du Plessis nommé pour ce voyage, lequel s’en voulut excuser et n’oublia de remonstrer au Roy en partant qu’il ne devoit laisser perdre les voyes du traicté encommencé de paix, pour lequel entretenir il eust espéré luy pouvoir faire un bon service, en vain touteffois parce que le Roy avoit ce siége à cœur, et se proposoit son retour plus bref qu’il ne peut estre.

Il partit donq le dernier décembre, s’embarqua à Diepe et arriva le jour de l’an 1592 en Angleterre où il fut fort bien receu et eut grand plaisir de re-