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Sa Majesté toujours une en son endroict. Luy fit connoistre combien il avoit esté à propos de les avoir réservés à leur droict usage, suyvant la teneur de la commission qu’il avoit eue, combien au contraire il luy eust esté reprochable, et à S. M. dommageable, de les avoir laissé convertir ailleurs ; estant certain, comme il disoit quelquefois, que les Princes veulent le plus souvent estre plus tost obéis que servis, mais reconnoissent enfin, quand on procède bien, que l’obéissance ne vaut pas tousjours tant que le service.

Partant de Saumur, il avoit pris son chemin par Tours, où il avoit veu ses amys, et communiqué particulièrement avec messieurs les présidents et principaux de la court de Parlement, lesquelz estoient offensés et en pene de ce que Sa Majesté, au préjudice de l’arrest[1] qu’elle avoit donné contre le Pape, et des déffences portées par iceluy d’aller à Rome, se résolvoit, sur les solicitations de messieurs du clergé portées par monseigneur le cardinal de Bourbon, de leur consentir d’envoyer quelques Evesques de leur part vers le Pape ; et de fait, il y trouva S. M. fort esbranlée, nonobstant les inconvéniens qui luy avoient esté remonstrés par ses lettres ; et sur les raisons qu’il alléga à S. M., elle se résolut au contraire, et remit à en faire responce à monseigneur le cardinal et à messieurs du clergé jusques à ce qu’elle en eust pris advis de ses courtz de Parlement, les premiers présidens desquelles furent mandés à ceste fin et assignez à Dernetal, où S. M.

  1. Le 5 août 1591.