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six cens escus par son testament, et ordonna que son corps seroit enterré en l’Eglize de Melun, ce qui a esté exécuté. Quattre mois après, l’affliction nous fut beaucoup redoublée par la mort de Dame Françoise du Bec, dame de Buhy, mère de M. du Plessis, qui affectionnait fort nous et nostre famille ; jusques au dernier soupir, elle monstra beaucoup de zèle et d’affection à l’avénement de la religion. Elle fut assistée en sa mort par monsr du Buisson, autrement Viau, ministre de la parole de Dieu, qui a tesmoigné n’avoir jamais veu personne quitter ce monde avec moins de regret et plus d’asseurance de son salut par Jésus-Christ. Et fut cause ceste mort que nous envoyasmes quérir à Mantes, non sans grand péril, notre fille Anne, la plus petite de toutes, qui avoit esté nourrie au sein de ma ditte Dame et belle mère, laquelle jusques à la fin tesmoigna l’amitié qu’elle nous portoit, et particulièrement en laissa marque en son testament, au proffit de notre filz et de notre fille Anne. Elle laissa exécuteur de son testament, messire Pierre du Bec, seigneur de Vuardes son nepveu ; son corps fut porté à Buhy ; auprès de messire Jacques de Mornay, chevalier, seigneur de Buhy, son mary. Les larmes de ceste mort ne sont point encorres essuyées à l’heure que j’escritz, et prie Dieu qu’il espargne le reste de la maison en sa miséricorde.

Sur la fin de l’an 1591, monsieur du Plessis se résolut d’aller trouver le Roy au siège de Rouen, environ le mois de novembre, ce qu’il avoit différé, craignant qu’arrivant près de S. M. avant la conjunction de l’armée estrangère conduite par M. de