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marque ; mesmes M. de Cugy, gentilhomme signalé de Dauphiné qui avoit esté maistre de camp en noz guerres, et depuis commandé deux mil Suisses pour le service du Roy (à présent régnant), ne désdaigna point de prendre une compaignie de gens de pied dedans ceste garnison. Sa Majesté luy accorda aussy partant, en présence de monsr de Turenne et de M. de Révol, secrétaire d’Estat, la survivance de ce gouvernement pour nostre filz, lequel il affectionnoit plus qu’un plus grand, parce que c’estoit une marque de la tresve négotiée par luy qui avoit donné passage au Roy de Navarre pour secourir le Roy défunct, et peu après pour parvenir à la couronne de France, à la gloire de Dieu, comme nous espérons, et bien de son Eglize.

Or sur la fin de l’an 90, nous receusme une grande affliction, la mort de Dame Magdeleine Chevalier, dame de la Borde, ma mère, qui mourut le dernier de décembre au dit an, après avoir receu beaucoup d’affliction de la misère des temps, ayant esté pillée plusieurs fois en sa maison d’Esprunes, et quattre mois malade à Melun, dont elle se fit transporter en sa maison de Vignau, où elle rendit son âme à Dieu. Elle ne faisoit point profession de la Religion, mais elle congnoissoit en gros qu’il y avoit beaucoup d’abus en l’Eglise Romaine et en désiroit la réformation. Elle ordonna exécuteur de son testament messire Guy Arbaleste, seigneur de la Borde, mon frère aisné, et messire Pierre Morin, seigneur de Paroy, beau-frère de feu M. le chancelier de l’Hospital. Elle donna à ma fille, Suzanne de Pas, en considération qu’elle avoit esté quelque temps avec elle,