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à luy, qui n’en avoit grande envie, partie appréhendant le fardeau de ceste ambassade, et partie la longue absence de son gouvernement et de sa famille. Monsr de Turenne auquel il n’avoit pas esté pensé[1] par les Princes estrangers à cause de sa longue blessure, en eut désir et le luy fit connoistre, et estimant que ce seroit le bien du Roy et du Royaume, et particulièrement de l’Eglize, il en parla à S. M. et le luy fit trouver bon, tellement que ses pouvoirs et instructions furent dressez à son contentement, et l’assista de plusieurs lettres à ses amys, es courtz des Princes où il avoit à faire. S. M. voulut que M. du Plessis eust une commission pour l’aliénation de son domaine de la couronne, jusques à la somme de deux centz mil escus, tant en vente qu’en revente, pour estre les deniers qui en proviendroient employez à l’entretenement de ceste armée. Bien est vray que, pour la continuation des lettres et messages de S. M. allégans la nécessité de ses affaires, et nomméement la promesse faicte aux Suisses en les retranchant, il fut contrainct d’envoier une partie de ces deniers à S. M. pour la conséquence dont luy estoit le mescontentement des ditz Suisses.

Son retour à Saumur fut sur la fin de novembre, et six jours après s’en alla à Tours trouver M. le mareschal d’Aumont pour la résolution d’une entreprise sur Poitiers, à l’exécution de laquelle il le devoit assister, et luy mena cent bons chevaux, cent

  1. Ce fut au retour de cette ambassade, et en récompense du succès, que le roi lui fit épouser l’héritière de la maison de Bouillon et le fit duc de Bouillon en 1591.