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Roy, il n’avoit eu autre but que du rétablissement des Esglizes réformées et la révocation des Edictz contraires ; ce qu’ayant souvent obtenu du Roy et persuadé aux plus sages et plus grandz de son conseil, avoit esté interrompu, tantost soubs crainte prétendue de rendre ceux de Paris plus opiniastres, et tantost soubz espérance de le faire plus solennellement après la prise, luy disant au contraire à ses amys que, puisque nous remettions à servir Dieu après Paris, il remettroit à nous donner Paris quand nous l’aurions servy. Enfin, se voyant pressé de l’hyver, et ne voulant partir d’auprès du Roy sans y avoir frappé coup, bien que les affaires du Roy semblassent défavorisez par la faute de Paris et succez du duc de Parme[1], qui rendoient ses intentions plus faibles, il remit l’affaire sus au Pont St Pierre, et de sy bonne sorte que l’Edit fut conclu au conseil du Roy avec les officiers de la couronne et principaux de son conseil. Luy mesmes eut la charge de le dresser et le leur leut, et fut receut de tous ; mesmes fut ordonné par S. M. que monsr le[2] chancelier et luy iroient ensemble avec dépesches de S. M. pour le faire vérifier à la court de Parlement à Tours, qui estoit vers la my novembre 1590 ; et de fait, se départirent du Roy à Escouy et vinrent jusques à Anet ensemble, prenans leur chemin et leur escorte pour Tours ; mais par l’artifice de quelques uns, M. le

  1. Alexandre Farnèse, né en 1544, il avait gouverné les Pays-Bas, depuis 1578 ; le roi d’Espagne, Philippe II, le prit là pour l’envoyer soutenir la Ligue en France ; il mourut à Arras en 1592, des suites d’une blessure reçue au siège de Rouen.
  2. M. de Chiverny.