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secrétaire d’Estat du feu Roy, tenant le party de la Ligue, fit supplier le Roy de trouver bon qu’il peust conférer avec M. du Plessis, en intention de faire quelques ouvertures de paix, ce que S. M. ne rejetta point ; et s’abouchèrent ensemble en une maison à une lieue de Mantes nommée Suindre, appartenante à un beau frère de M. de Rozières intendant des finances. Il parla assés franchement à M. du Plessis tant de la condition de son party que de la sienne propre, et assuroit que le duc de Maine désiroit la paix, s’il la pouvoit obtenir avec honneur. Il trouvoit la difficulté ès seuretez, que touteffois il ne pouvoit avoir plus grandes qu’en la foy d’un prince qui l’avoit toujours tenue inviolable, et en son conseil, et en sa force, composez la pluspart de catholicques Romains, lesquelz ne consentiroient jamais à la ruine de la Religion romaine, de la seurté de laquelle il s’agissoit, et cela confessoit il bien aussy. Mais c’estoit la moindre considération qui mouvoit ce party. Il se départit en somme, en résolution d’aller trouver le duc de Maine, luy faire entendre que S. M. ne désiroit plus grand fruict de sa victoire que le repos de son peuple, que particulièrement, ayant cest honneur de luy estre parent, il ne vouloit sa ruyne ; et ces propos furent encore continuez et eschauffez, le lendemain de la prise de Melun, où le dit sr de Villeroy, conduict par M. du Plessis, vit le Roy, et ouyt son intention de sa bouche propre, et ainsi qu’il disoit avec un extrême con-

    sa charge de secrétaire d’État depuis 1567 jusqu’à sa mort, en 1617, sous quatre rois qu’il servit toujours habilement.