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costoyé seulement de monsr de Feuquères, nepveu de feu mon mary. Ayant percé fort avant dans ceste presse, un cheval d’Hespagne gris sur lequel il estoit monté, luy fut tué d’un coup de lance entrant par le flanc droict et ressortant par le fondement. Un des siens, nommé la Vignolle de Saumur, des plus valeureux de ce temps, le reconnut à bas, et le remonta sur son cheval, à quoy l’ayda un lansquenet de l’ennemy qu’ilz prirent parceque la pesanteur de ses armes et le patouilliz de la terre l’empeschoit. De là, il ayda à remonter le dit la Vignolle sur un cheval sans maistre qu’ilz rencontrèrent, et à dix pas de là, M. de Feuquères sur un autre, le rencontrans pied à terre, un très bon cheval, que luy avoit preste M. du Plessis, luy ayant esté tué à la charge. Mais le dit sr de Feuquères, mon nepveu, voyant passer quelques Bourguignons qui se retiroient, et en voulant attaquer l’un, fut tué par luy d’un coup d’espée dans le visage qu’il avoit descouvert, et sa mort sur l’heure vengée par le dit la Vignolle. Monsr du Plessis estoit en pêne de juger de la bataille parce qu’à la vérité, elle avoit esté fort esbranlée ; touteffois le ralliement qu’il vit plus gros de nostre costé que de l’autre luy fit juger en bien. Et de là, passant par les gens de pied de M. de Vignolles, maistre de camp et proche des Lansquenets de l’ennemy, s’alla rejoindre au Roy, lequel il salua victorieux à la teste de ce qu’il avoit rallié, et depuis ne l’abandonna plus. Il estoit en grand pêne de sa cornette, qui estoit portée par le sr de Granvy, gentilhomme de Poictou, plein de valeur, mais elle eut ce bonheur de passer outre et