Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faict publiquement, plusieurs baptesmes, grand consolation à tous les gens de bien. C’est bon augure. Ce n’a pas esté sans murmure, ny sera peut estre sans plainte ; mais en l’armée du Roy, il est loysible, et je la présuppose où sont ses trouppes. J’escrips à monsieur d’Espina pour les prières publiques ; je scay que les domestiques ne manquent pas. Reposons nous en Dieu qui dispose toutes choses. Nous sommes plus fortz de Dieu, de nature et de droict. Les moïens humains ne nous défaillent point ; sy on en vient là, la victoire est certaine. Tu auras bien tost de nos nouvelles, mais ne t’afflige point, car Dieu te donnera joye et noz prières se convertiront en actions de grâces. « De Chasteaudun, le 9e mars 1590, à neuf heures du soir. » Il arriva près de S. M. justement le treiziesme de mars et le quatorziesme, 14, la bataille se donna à Ivry entre le Roy et le duc de Maine. Il menoit au Roy quattre vingtz maistres et autant d’harquebuziers à cheval, et quarante mil escus qui luy vinrent à propos pour contenter ses Suisses. S. M. voulut qu’il combatist en son esquadron, sur sa main gauche, laquelle soustint le plus grand effort de l’esquadron des Bourguignon[1], conduict par le conte d’Egmont qui estoit de 1500 chevaux, comme S. M. l’a tesmoigné plusieurs fois. Premier que d’aller à la charge, il fit prier Dieu à la teste de sa trouppe, par M. de Fleury, ministre, qu’il avoit mené avec luy. Puis exhorta ses compagnons à leur devoir ; il les mena au combat

  1. On appelait ainsi les soldats levés en Flandre, parce que ce pays appartenait autrefois aux ducs de Bourgogne.