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escus de rente sur les tailles de l’élection de la Rochelle.

Je luy ay ouy dire que monseigneur le cardinal vouloit fort différer, mais il luy couppa court qu’il faloit partir dans demy heure ; et comme il allégoit qu’il n’avoit pas sa littière, ses muletz, son carroze, se trouva qu’il luy avoit amené, pour coupper toutes excuses, tout ce dont il pouvoit dire avoir affaire ; il craignoit d’estre mené à la Rochelle, mais il l’assura que non, et désiroit d’aller à Saumur, ce que le Roy avoit mis à la disposition de monsieur du Plessis ; et plusieurs de ses amys, alléguans de grandz raisons, le luy conseilloient asprement, mais il ne vouloit point, en gardant un tel prisonnier, devenir prisonnier luy mesmes. Le mal fut que le soir il tomba malade, à Loudun, d’une grand diarrhée qui estoit estimée dangereuse, à cause de sa foiblesse, après quattre mois de fièvre tierce, qui fut cause qu’il ne peut conduire M. le cardinal plus outre, dont il fut extrêmement en pene, parce qu’il se fioit fort entre ses mains ; et fut conclu entr’eux tous de le mener en l’abbaye de Mailesaiz, et l’ordre qui seroit observé en sa garde ; M. de la Boulaye et M. de Parabère en entreprirent la conduite, et M. de la Boulaye la garde, et bailla sa promesse, sur sa foy et l’honneur signée de sa main à monsr du Plessis, de le restablir entre les mains du Roy ou de tel que S. M. luy commanderoit toutes et quanteffois qu’il luy plairoit. M. du Plessis bailla particulièrement· deux de ses Suisses qui couchoient tousjours à la porte de sa chambre. M. du Plessis, ayant fait ce coup, en advertit S. M. par l’un des siens, nommé