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dans que dehors le Royaume pour diverses négotiations qui revenoient à grandes sommes.

La prise de Nyort suivit tost après fort heureusement, en mesme semaine que la mort du duc de Guise, laquelle fut conclue par le Roy de Navarre au cabinet de M. du Plessis, et luy en commanda les eschelles. Puis le Roy s’en allant pour secourir la Ganache assiégée par monseigneur de Nevers, tomba malade en une maison champestre en Poictou, nommée la Motte Freslon, qui luy empescha d’en faire lever le siége comme apparemment il eust faict. Ceste maladie fut une pleurésie qui surprit le Roy à cheval entre Marueil et le dit lieu de la Motte Freslon, et ne retint près de luy que monsr du Plessis, lequel en l’absence de monsr d’Ortoman son médecin, très excellent, entreprit de le faire seigner, d’autant plus hardiment qu’estant jeune, il avoit esté trois fois atteinct de pareille maladie, et S. M. s’en trouva bien. Il n’avoit consolation que de faire chanter des psaumes et parler de saincts et bons propos, et ne fut pas sans doutes de sa vie, comme de faict le bruit courut de sa mort. Ce fut aussy pendant ceste maladie que la Royne[1] mère mourut à Blois, peu de jours après l’exécution du sr de Guise.

Or pensoient plusieurs que ces maux dussent esteindre totalement la guerre en France, ce que M. du Plessis ne se pouvoit figurer, comme il appert par deux lettres qu’il escrivit de la Rochelle à St Jehan, au Roy de Navarre, par le sr de Frontenac, qui leur

  1. Catherine de Médicis mourut à Blois, le 5 janvier 1589  ; elle avait soixante-dix ans.