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talle, à l’heure que M. de Guise y minute ses lettres de connestable et la dégradation du Roy de Navarre contre le jugement d’un chacun, le Roy le faict tuer en sa chambre. J’estoy peu auparavant venue à la Rochelle avec nostre famille, après avoir esté en Béarn, tant pour saluer Madame[1], sœur unique du Roy, que pour user des eaux chaudes ; et me souvient qu’environ ce temps plusieurs des amys de M. du Plessis, les uns par lettres, les autres de bouche, l’exhortoient d’escrire contre l’assemblée de Blois et proposer nullitez contre icelle ; aucuns mesmes s’offensoient de ce qu’il ne le faisoit pas, et les responces qu’il leur faisoit sont encor en ses mémoires ; sy en l’assemblée se faisoit quelque chose de bon, l’ayant condemnée, il ne pouvoit estre à nostre proffit, et quelque chose de mal, ny estans ouys, ny appellez, qu’il ne pouvoit estre à nostre dommage, que la première nullité estoit de n’y avoir point appellé le Roy de Navarre, et cela seroit les advertir de le faire, et le faisant qu’il n’y pouvoit satisffaire. Au reste, quoy qu’on vist qu’il attendoit quelque chose de ceste assemblée qui tourneroit à la gloire de Dieu et soulagement de son Eglize.

Or peu devant la mort du duc de Guise, et presques en mesme temps que l’assemblée de Blois, se tenoit celle des Eglizes à la Rochelle, en laquelle le Roy de Navarre ne fut pas peu assisté du service de M. du Plessis contre quelques nouveautez qui es-

  1. Catherine de Bourbon, sœur de Henri IV, resta constamment fidèle à la religion réformée ; elle était née en 1559, et mourut en 1604.