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voyée à la Rochelle, en oublia deux lignes esquelles il se parloit de feu monseigneur le Prince de Condé[1] avec l’honneur et le rang qu’il se devoit, le dit Seigneur Prince s’en offensa jusques à en faire plaincte au Roy de Navarre fort violente, lequel prist ceste cause en main fort asprement, et fut vérifié par la minute escrite de sa main qu’il n’avoit eu occasion de s’offenser. Il fut trouvé estrange que ceste victoire ne fut plus utilement poursuivie. La vérité est qu’il fut proposé par le Roy de Navarre d’aller au devant des estrangers qui estoit le plus beau fruict qui s’en peut recueillir ; mais ses forces assemblées à la haste voulurent avoir respit d’aller chés elles, sauf à se retrouver ensemble en Périgord dans un mois, pendant lequel le Roy de Navarre alla voir madame sa sœur en Béarn, et au retour fut incommodé du mareschal de Matignon qui s’estoit avancé pour secourir Aire ; qui fut cause qu’il manda M. du Plessis qui estoit demeuré à Nérac pour se reposer avec sa famille. Dieu voulut que, sur l’heure qu’il vouloit monter à cheval avec sa trouppe[2], les douleurs me prirent et j’accouchay la mesme nuict d’une fille, et deux heures après il partit ; elle fut baptisée et nommée Sara, mais elle ne vescut que trois mois, [elle est enterrée à Nérac[3].] Son parrain fut messire de

  1. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent : « feu monseigneur le Prince. »
  2. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent : « le septiesme de décembre 1567. »
  3. Cette phrase manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis ; elle est en note à la marge dans le manuscrit de la Sorbonne.