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bonheur fut cause d’un second, car le duc de Joyeuse, pour s’en venger, se résolut de combattre le Roy de Navarre, à quelque prix que ce feust. Dont le 20e du mois d’octobre ensuivant se donna la bataille de Coutraz[1], dont le dit Seigneur Roy eut victoire très entière, et eut cest honneur M. du Plessis de combattre près de S. M. Il remarquoit cela de particulier que douze ans auparavant, à mesmes jour, tenant conte[2] des dix jours retranchez par le Pape, il avoit esté prisonnier en la deffaicte de Dormans. J’ay veu plusieurs lettres en ses papiers qu’il escrivoit partant de la Rochelle, à ses amis tant dedans que dehors le royaume, que six jours après la bataille se donneroit, dont Dieu leur donneroit la victoire ; et luy ay souvent ouy dire que tout ce qu’il craignit fut que M. de Joyeuse ne la donnast point ce matin là, parce que le Roy de Navarre eust esté ruyné entre deux armées et deux rivières. S. M. escrivit au Roy par le sieur de la Burte, maistre des requestes, tendant à luy monstrer combien ce sang répandu luy desplaisoit, et à le requérir d’y apporter un restraintif pour le bien de son estat ; mais les choses n’estoient encor meures et n’y voulut entendre. Monsieur du Plessis eust commandement de faire un petit discours de la ditte bataille, qui fut envoyé partout ; et parce qu’un clerc de M. du Pin, secrétaire d’Estat qui en transcripvit une copie qui fut en-

  1. L’édition de M. Auguis, au contraire des deux manuscrits, porte cette singulière méprise « la bataille de Courtray, au lieu de « la bataille de Coutras. »
  2. En vertu du changement du calendrier Julien au calendrier Grégorien, fait par le pape Grégoire XIII.