main, repassa la Garonne au-dessus de Thoulouse et s’en alla par dedans des isles, à cheval, jusques aux lieux qu’il vouloit voir, de sy près et au clair d’une si belle lune qu’il peut rapporter au Roy que c’estoit chose très-faisable. Là-dessus, il en fit faire un plan qu’il luy présenta, et résolut S. M. plusieurs fois d’y donner, luy ayant promis qu’il commanderoit les premiers cinq cens qui y entreroient ; mais l’infanterie estant occupée en la défence de tant de places et en sy divers lieux, fut cause que S. M. ne le peut effectuer.
Sur le commencement de l’an 1586, le duc de Maine[1] entrant en la Guienne, avec une armée que le bruit rendoit fort redoutable, le Roy de Navarre, estant à Caumont sur Garonne, où il avoit mandé tous les principaux seigneurs et capitaines du pays, ordonna monsieur de Turenne pour défendre la rivière de Dordoigne, où il acquit beaucoup de réputation, de prudence et valeur. Mais parce qu’on estoit incertain sy le dit duc de Maine passeroit point la Dordogne, vers Souillac, pour de là entrer en Quercy, le Roy de Navarre qui vouloit pourvoir en tout cas, depescha monsieur du Plessis à Montauban pour veiller à toutes occurences, et touteffois presque sans forces, par ce que les meilleures estoient occupées aux frontières qui sembloient devoir estre premières attaquées. Ce néantmoins, le dit duc de Maine passa à Souillac et vint au haut Quercy où l’on n’eut pas peu de peine à rapporter toutes pièces pour secourir Figeac et Caiarc et Cardillac qui sans
- ↑ De Mayenne.